Prologue //

 

25 Janvier 2026

 

 

Bergerac – Sud-Ouest de la France.

 

« Emma Squatte ma chambre, J’peux rien faire u_u »

 

 

10h30. C’est l’heure à laquelle un jeune garcon de 13 ans vient de recevoir un énième message sur un célèbre logiciel de tchat utilisé par près de la totalité de l’espèce humaine. Il retourna s’asseoir devant son ordinateur et ouvrit la fenêtre.

 

 « Te plain pas, ça doit être cool d’avoir une sœur. »

 

A peine sa réponse fut envoyée qu’une voix puissante résonna dans toute la maison :

- Cameron bouge-toi ! On y va !
- J’arrive papa…

 

 

Pas le temps de rajouter quelque chose à son geek d’interlocuteur qu’il ferma son PC. Quand son père donnait un ordre c’était tout de suite et s’il avait le malheur de ne pas lui obéir dans la seconde, la sentence tombait sans avoir la possibilité d’en discuter.

 

Il enferma son précieux ordinateur dans sa valise et ferma celle-ci avant de la prendre en main. C’est alors qu’un homme blond d’une trentaine d’années entra dans la chambre, il sourit à Cameron tendrement avant de faire des gestes précis avec ses mains.

 

- « Donne-moi ta valise, je ne veux pas que tu te fatigues »   

 

 

Davon Finman avait maintenant perdu la parole il y a de ça douze ans, lors d’une tentative de suicide raté… qui l’a laissé en vie et handicapé. Il ne peut maintenant communiquer qu’avec le langage des signes, Cameron qui baignait dans ce langage depuis son adoption le connaît sur le bout des doigts. (c'est le cas de le dire)
Ce dernier tendit sa valise à son père qui la prit en souriant toujours, imperturbable malgré la situation plutôt peu banale… Cameron allait repartir à l’hôpital pour une nouvelle chimiothérapie ce qui rendait Davon malheureux, il ne supportait pas de voir son fils si malade et aura tout fait pour lui rendre le sourire une fois rentré à la maison… Davon tourna les talons afin de quitter la chambre, quand la petite voix fatiguée de Cameron l’arrêta sur le pas de la porte.

 

- Papa… tu viens avec nous ? Demanda l’adolescent en regardant son père, les larmes au bord des yeux.

 

Davon posa la valise et signa en s’avançant vers lui.

 

 

- « Désolé mon cœur, ton père ne veut pas que je vienne… mais je passerai te voir tous les jours. » Davon s'approcha et essuya les yeux de Cameron. «  Je ne veux pas te voir pleurer, ça me rend triste, je ne veux plus jamais te voir pleurer d'accord? » sourit-il.

Un léger sourire éclaira le visage de Cameron qui acquiesça simplement. L’autre homme de la maison pénétra dans la petite chambre alors que Davon sortit la valise à la main. Ses traits asiatiques étaient reconnaissables entre tous.

 

 

Kyo Yamamoto avait réussi sa vie. Il était maintenant un homme comblé. Il avait un mari, un enfant, une maison construite dans les belles campagnes françaises. Ils ont déménager afin de que Davon ne soit pas trop dépaysé, ils sont revenus dans la ville où est né le blond.

Après la tentative de suicide de celui-ce, Kyo s’était précipité a l’hôpital pour le voir, il n'avait jamais eu aussi peur de toute sa vie... Les sentiments que ressentait Kyo envers Davon ce jour là avaient décuplé. Certes après son accident, Davon avait perdu la mémoire des dernières années passées à Tokyo, il avait oublié la mort de sa mère, d'Alexandre, de Spencer et même celle de sa sœur... pendant quelques jours il fut anéanti d'apprendre que sa mère et sa sœur furent décédées, mais il sut se reprendre grâce à la présence de l'asiatique... Au fur et à mesure du temps, ils se mirent ensemble comme si jamais rien ne s’était passé... Plus amoureux que jamais, comme au premier jour... Mais quelque chose clochait dans ce bonheur aux apparences si parfaites...

 

- Cameron dépêche-toi, j’aimerais vite rentrer. J’ai plein de copies à corriger !

 

 

Le bel asiatique travaillait comme professeur de japonais dans un lycée privé nommé « St Front » au centre de Bergerac. Il est plus courant de voir de l’italien, de l’espagnol ou de l’allemand comme deuxième langue vivante, mais St Front doit être un des seuls établissements à proposer japonais comme seconde langue vivante. Ce qui ne déplaît pas à son directeur qui voit ça comme un atout conséquent pour son établissement. A cause de ce travail, Kyo déborde de boulot, il a plusieurs classes à sa charge, partant de la 3eme jusqu’à la terminale.
Cameron se dirigea vers la voiture et monta à l'intérieur, regardant son père mettre la valise dans le coffre, il passa ensuite la tête par la vitre et embrassa Cameron sur le front, le sourire aux lèvres Cameron entoura le cou de son père, le serrant contre lui, les larmes aux yeux...
Davon recula de quelques centimètres et signa :

 

- « Courage, tu es un garçon très fort ... »

 

Cameron acquiesça en souriant, il remonta la vitre après que son père se soit reculé, Kyo monta et démarra la voiture, ne laissant pas le temps à Cameron de dire au revoir de la main au blond que déjà la voiture filait sur la route.

 

- Je te dépose et je m'en vais, j'ai vraiment beaucoup de travail, tu vas pouvoir te débrouiller tout seul ?

 

 

Cameron se figea quelques secondes et acquiesça, il sait que son père est comme ça mais ça lui fait toujours aussi mal... Il avait extrêmement peur de se rendre a l’hôpital tout seul, mais il n'avait pas vraiment le choix.

 

- T'es grand après tout.

 

La voiture s’arrêta devant l'entrée de l’hôpital après une bonne dizaine de minutes, Cameron en sortit et prit son sac dans le coffre avant de retourner vers l'avant.

 

- Papa t'appellera sur Skype ce soir...
- D'accord... Au revoir.
- Au revoir Cameron... Dit-il avant de démarrer pour rentrer chez lui.

 

 

Le jeune homme rentra alors dans l’hôpital en traînant son sac, le souffle court, il se sentait vraiment pas bien, la sueur commençait à perler sur son front, les jambes tremblantes et la tête qui commençait à lui tourner, il avait une sainte horreur des hôpitaux, c'était sa plus grosse phobie avec celle de l'eau (plutôt mourir que de mettre le pied dans une piscine). Plus il y allait et plus il se sentait mal, son cœur se comprimait et ses jambes devenaient du coton, il tomba alors à genoux, le larmes coulant à flot... Une infirmière s'approcha de lui.